rire

ECHOS STADISTES n°3 2015-2016

ÉCHOS STADISTES – ÉCHOS STADISTES – ÉCHOS STADISTES    (N° 3)

SAISON 2015 - 2016

NOSTALGIE

DEPUIS 20 …. ANS

Comme le titrait un média local, « la mutation du quotidien de l’homorugbysticus » ne cesse de se développer.

Force est de constater que depuis une vingtaine d’années, les saisons défilent et nos instances fédérales s’installent dans un conformisme de plus en plus exigeant, budgétairement parlant.

Bien des clubs sont confrontés à la « police financière » du sport professionnel qu’est la DNACG par rapport au montage de plus en plus difficile de leur budget. Le Stade Niortais en a fait la triste expérience l’an dernier avec une sanction de trois points infligée en cours de championnat.

Il faut savoir qu’un joueur de Division 1 en 1993-94 pouvait toucher l’équivalent de 152€ par match (soit 1 000Frs de l’époque). La saison suivante le défraiement se montait en moyenne à 762€ par mois (5 000Frs). En 1995-96 avec sur sa carte de visite une sélection en Moins de 21 Ans, le même individu percevait 1 371€ par mois. Avec l’arrivée des sponsors en 1996, les salaires commencent à apparaître sur la base moyenne de 4 200€ mensuels.

Médiatiquement, les retransmissions des matchs de championnats, voire de coupe d’Europe, ont fait flamber les appels d’offre. Ainsi la chaîne de TV Canal + est passé en dotation de 1.2M€ en 1995 à 74M€ à ce jour.

NOSTALGIE

Sans encore atteindre les sommets du football, notre rugby évolue vers un professionnalisme qui tend à annihiler toutes les vertus ancestrales de notre sport de prédilection et que nous admirons malgré tout.

Carrière, argent, études et même la sacro-sainte troisième mi-temps… Vingt ans après, le passage au professionnalisme, la vie d’un rugbyman de TOP14, de PRO D2, voire de Fédérales est bouleversée au quotidien, avec l’arrivée de mots inconnus dans le monde rugbystique tels que chômage et transfert.

Il y a 20 ans, nous entendions parler de promotions sociales, de mutations…. Mais comme le souligne et le regrette une légende comme Pierre Villepreux. « L’arrivée de l’argent a créé des contraintes de concurrences. Ne pensant qu’à sa pomme, la cohésion collective est devenue plus une façade pour le joueur ». Un peu comme dans le boulot quotidien d’ailleurs…

Le rugby de clochers est bien loin. Le cliché de « gentlemen » pratiquant entre copains un sport de « voyous » avant de se retrouver autour d’une ou plusieurs bonnes « binouses » ou le « jaune », est bien fané.

Si l’esprit de groupe perdure pour aller au combat avec ses coéquipiers, hors du « pré », chaque joueur mène sa propre barque. Professionnalisme équivaut à changements de clubs, négociations de contrats et parfois aussi…chômage, voire difficultés de réinsertion….De son côté Emile N’Tamack avance que « malgré les précautions prises pour que le rugby n’intègre pas les mauvais côtés des sports professionnels, nous y allons tout droit… Un mot comme chômage qui n’existait pas dans le rugby, est là aujourd’hui».

A cela s’ajoute les contrats passés par les clubs avec les étrangers qui bloquent l’éclosion de nos jeunes talents. En 1995-96, seulement 2 étrangers évoluaient dans le championnat sur 300 joueurs possibles dans les équipes de départ. Un roumain (Constantin Cojocariu) et un russe (Pietr Ilvoski) évoluaient respectivement à Bayonne et à Montpellier. Dans les effectifs de la saison 2015-2016, ils ne seront pas moins de 276 étrangers répartis dans les 14 clubs de TOP14.

Cet apport d’étrangers au détriment de nos jeunes talents (comme nos Moins de 20 Ans régulièrement en demi-finale ou finale de leur championnat du Monde), privés de haut niveau sont directement injectés en amateurs dans les clubs de Fédérales. Ce sont donc eux qui continuent de perpétuer la tradition avec l’accent porté sur la formation (et encore que…), le Stade Niortais en étant un parfait exemple à travers son Ecole de Rugby certifiée.

De plus, le rétrécissement de l’Elite ne vient pas arranger les choses sur le plan humain. Sur la même période depuis 1995, de 32 clubs en Groupe A de Première Division, nous arrivons à notre TOP 14.

11 clubs sur 14 de notre actuel TOP 14 étaient en groupe A à l’été 1995. Les 3 intrus sont La Rochelle, Oyonnax et le Stade Français (maintes fois champion de France depuis). Seuls Toulouse, Clermont et Castres n’ont jamais quitté l’élite depuis.

ADIEU LES ETUDES

Pour Fabien Pelous, « la réduction du nombre de clubs dans l’élite et l’arrivée de joueurs étrangers exacerbe la concurrence. Le couloir des perspectives pour nos jeunes se réduit ». Il se souvient que lors de ses débuts à Graulhet comme deuxième ligne, il arrivait au 100e rang à ce poste avec l’opportunité de jouer en Première Division. « Aujourd’hui, le 100e joueur français est en Fédérale 3 » (5e division dans la hiérarchie).

Quand on parle de jeunes, on pense études… Avec la charge des entraînements, il est difficile d’assurer en parallèle une formation. International en 1995, Fabien se souvient s’entraîner que « deux fois par semaine faisant la route entre Toulouse, donc la Faculté, et Dax. Dès 1997-98, nous étions déjà passés à un entrainement par jour en y consacrant une demi-journée. A partir des années 2000, c’est un rythme de deux ou trois séances par jour, soit un temps complet » se remémore Fabien Pelous.

LES HOMMES ET LE MATERIELS

Le gabarit a lui aussi transformé et contribué à une certaine évolution, soit un changement très perceptible et visible à l’œil nu. Moins de ventre, plus de cuisse et de bras et surtout plus 11 kg en moyenne entre un joueur des années 95 et celui de 2015….soit de beaux poulets de grains !!!! qui peuvent tenir des temps de jeu de plus en plus longs.

Presque devenus hommes sandwich, les maillots et les shorts prônent les biens faits de différentes marques devenues sponsor principal du club. Même les échanges et le parler sur le terrain fortement anglophone. Les arbitres sont également dans l’obligation de suivre cette évolution linguistique en retournant à …l’école pour prendre des cours.

Les « beuchiques » en cuir différents selon le fournisseur du club posé à même le sol pour toutes tentatives de pénalités ou transformations ne sont plus que lointains souvenirs. Maintenant, un ballon unique et officiel dans sa texture et sa fabrication pour remplir les caisses de la Fédération, est utilisé. Ces derniers trônent sur des tees de plus en plus profilés.

LA TROISIEME MI-TEMPS

« Voilà une époque assez radieuse où tous les œufs n’étaient pas dans le même panier », raconte Emile N’Tamack. « Les joueurs travaillaient et voyaient un autre monde à côté du rugby. Les échanges entre les gens étaient riches ». Docteurs, Mécanos, Enseignants, Agriculteurs, Ouvriers se côtoyaient. Maintenant, les rugbymen vivent dans une bulle qui se ferme.

En effet, si la bascule s’opère définitivement comme par exemple au football, les jeunes de 14 ans arrêteront pratiquement leurs études. Comme le souligne patrice Lagisquet, « le niveau de culture générale va s’en ressentir. La relation va s’appauvrir. Cette troisième mi-temps était la raison d’être du rugby et permettait de rassembler les hommes. Les deux premières étaient presque un prétexte pour la faire… ». « Boire un coup, c’est encore possible et tu vas rentrer à 23 :30, mais les joueurs de haut niveau ne vont plus dans l’excès. Avant rien ne nous en empêchait », concluent de compère Fabien Pelous et Emile N’Tamack.

ENTRE NOUS

Pour terminer, nous pourrions souhaiter à nos jeunes de profiter au maximum de la chance qui leur est offerte d’évoluer encore un peu dans un environnement d’amateurs. Il convient qu’ils fassent très attention à leur avenir en cas d’investissement total et en basculant dans le professionnalisme.

De notre côté, nous les plus anciens, nous nous sommes aperçus depuis bien longtemps que notre rugby était beaucoup plus simple à jouer mais également à appréhender malgré la soit disant complexité des règles pour tous les profanes.

Mais bon, « haut les cœurs » et continuons à nous retrouver tous les Jeudis soirs pour faire les c… sur le pré, trinquer après l’effort et pousser la chansonnette…

(propos recueillis à travers un article paru dans le quotidien La Nouvelle République)

                                                    Rugbystiquement, en attendant la suite….                                                                                         

                                                                                          Eric Massounie

VISITES depuis octobre 2014

3.png1.png7.png4.png5.png0.png
Aujourd'hui3
Cette semaine40
Ce mois54
Total317450